Gestion quantitative de l’eau et usages agricoles sous contrainte climatique 

Coordonné par Marie-Pierre Elliès, Professeur, BSA, Alain Dupuy, Professeur, BRGM et Daniel Compagnon, Professeur, Sciences Po Bordeaux

Plus grande région agricole de France et d’Europe, la Nouvelle-Aquitaine subit comme l’ensemble du territoire national, les conséquences du changement climatique et notamment des sécheresses. L’eau et son accès sont des enjeux cruciaux pour une partie des agriculteurs mais une part de la population est inquiète des possibles conséquences environnementales. La question de la gestion de l’eau est donc au coeur de controverses publiques depuis quelques années. C’est dans ce contexte qu’AcclimaTerra s’est proposé d’apporter une contribution au débat dans le but de réintroduire des données et des résultats scientifiques sur la ressource en eau.

Des sécheresses de plus en plus fréquentes

Les impacts de la sécheresse estivale sur l’agriculture, un phénomène récurrent depuis quelques années, et leurs répercussions sur les productions, donc le revenu des agriculteurs, qui iront en croissant, ont attiré l’attention du grand public sur la question de l’eau. L’année 2022 a été particulièrement marquante à cet égard, quand la quasi-totalité du territoire national a connu des mesures de restriction et que près de 2 000 communes dans le Sud-Est ont souffert de difficultés d’approvisionnement en eau potable.

L’usage agricole de l’eau en Nouvelle-Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, bien que la grande majorité de l’agriculture dépende des précipitations naturelles, les irrigants constituent une minorité significative : 21 % des exploitants et 10,5 % de la surface agricole utile en 2020. Notons que les surfaces irriguées sont en légère augmentation (+3 % en dix ans), mais on peut s’attendre à ce que la demande d’irrigation croisse à l’avenir face au caractère de plus en plus erratique des précipitations. Face à la demande qui monte dans une partie du monde agricole de se voir garantir un accès à l’eau pour continuer à produire, les associations de protection de la nature mettent en avant la protection du milieu naturel (rivières, zones humides).

Un intérêt commun à privilégier

La Nouvelle-Aquitaine dispose d’importantes ressources en eau et de milieux aquatiques variés, particulièrement riches en biodiversité. Cependant, ces ressources fortement sollicitées par les différents usages de l’eau sont fragilisées. Une large partie du territoire régional présente un déséquilibre chronique entre usages et ressource disponible, une situation exacerbée par les changements climatiques. L‘usage agricole en particulier représente 69% des volumes prélevés en période d’étiage. Des mesures d’adaptation afin de réduire ces prélèvements sont indispensables mais ne suffiront pas. Cela fait naître le spectre d’une compétition entre les différentes formes d’usage pour s’approprier l’eau douce. La moindre disponibilité de la ressource en eau est un problème qui est là pour durer dans notre territoire et qui va s’amplifier dans les décennies à venir. Face aux inquiétudes grandissantes de la population quant à l’état de l’environnement, des zones humides et des rivières notamment, l’enjeu est de recréer les conditions d’un débat sur le partage de la ressource en eau dans les territoires. Cet objectif implique notamment une meilleure prise en compte des données scientifiques afin d’agir dans l’intérêt commun.

Ils ont contribué à cet ouvrage :

Coordinateurs : Compagnon Daniel (Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux, AcclimaTerra), Dupuy Alain (BRGM, AcclimaTerra), Ellies-Oury Marie-Pierre (Bordeaux Sciences Agro)

Contributeurs et relecteurs : Alleto Lionel (INRAE UMR AGIR), Barat Xavier (Innov-Eco2), Barone Sylvain (INRAE, UMR G-EAU, Université de Montpellier), Cabaret Olivier (BRGM), Cabaret Yohana (AcclimaTerra), Caner Laurent (R3 Naïades – Université de Poitiers), Chéry Philippe (Bordeaux Sciences Agro), Coupry Bruno (TREE, CNRS, EAUCEA), Destrac-Irvine Agnès (Bordeaux Sciences Agro, ISVV, UMR EGFV), Ferrière Simon (France Stratégie), Garnier Emmanuel (CNRS, Université Franche Comté), Grimonprez Benoît (Université de Poitiers), Hugues Virginie (Consultante indépendante Climat & Environnement), Jalabert Stéphanie (Bordeaux Sciences Agro), Joussein Emmanuel (R3 Naïades – Université de Limoges), Labanowski Jérôme (IC2MP, CNRS, Université de Poitiers), Lee Alexandre (Bordeaux Sciences Agro), Marcher Clémence (AcclimaTerra), Marguerit Elisa (Bordeaux Sciences Agro, ISVV, UMR EGFV), Métayer Nicolas (Solagro), Ollat Nathalie (Bordeaux Sciences Agro, ISVV, UMR EGFV), Pantarotto Maxime (SMEAG), Savignan Lionel (Bordeaux Sciences Agro), Taabni Mohamed (Université de Poitiers, RURALITES), Thomas Alban (INRAE, Laboratoire d’Economie Appliquée de Grenoble (GAEL)), Van Leeuwen Cornelis (Bordeaux Sciences Agro, ISVV, UMR EGFV)

Une version Haute Définition du cahier est accessible sur demande.

Les commentaires sont clos.